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Un kit pour faciliter une démarche d’entraide en groupe

Propos recueillis par Céline Le Briand auprès d’Angélique Robert et Amandine Piron

Qu’est-ce qu’un atelier d’entraide ?

L’atelier d’entraide est un outil d’intelligence collective, inspiré du co-développement. Il est très puissant car il permet de transformer, de rendre visible et de puiser dans ses propres ressources – expertises et expériences.

C’est un format qui permet à un groupe de :

  • partager des problématiques ;
  • d’en choisir une ;
  • de trouver des solutions à l’intérieur du groupe.

Il peut avoir lieu entre personnes d’une même structure ou issues de structures différentes. Il propose un déroulé très structuré.

Angélique utilise cet outil depuis longtemps, notamment dans ses accompagnements de groupes car :

  • ceux-ci pensent souvent que les ressources sont à l’extérieur ;
  • cet atelier renforce ainsi la structure et les liens entre les personnes.

Quand Angélique partage l’atelier d’entraide, elle incite les participants à prendre l’outil en main pour pouvoir s’en resservir à d’autres moments, pour d’autres projets ou d’autres problématiques. Cependant, les participants ne se sentent souvent pas légitimes ou assez expérimentés pour mener des ateliers d’entraide de manière autonome.

Pourquoi avoir conçu un kit pour l’atelier d’entraide ?

Lors d’une collaboration avec le Bureau des Possibles, dans le cadre de l’accompagnement de la démarche d’écriture collaborative du schéma de lecture publique de Saint Brieuc Armor Agglomération, la proposition émerge de faciliter les ateliers d’entraide pour donner plus d’autonomie au réseau. L’objectif est que ce dernier puisse continuer à utiliser l’outil, pour identifier ses problématiques et les résoudre entre membres.

Un support pour transmettre l’atelier d’entraide est donc imaginé sous forme d’un kit, réutilisable au-delà du premier atelier.

C’est quoi le kit d’atelier d’entraide ?

Le kit est composé :

  • d’un poster qui présente les différentes étapes de l’atelier ;
  • d’un déroulé pas à pas définissant le rôle de chaque personne : offreur, facilitateur et contributeurs ;
  • des cartes où les participants rédigent, selon les étapes, la problématique, les contributions ou le plan d’actions.

À l’issue de l’atelier, le groupe peut garder une trace écrite récapitulative. Angélique propose que les différents éléments soient notés sur un unique document :

  • la demande d’aide ;
  • deux à trois idées retenues ;
  • le plan d’action.

À terme, cela permet de constituer une documentation des problématiques et des partages d’expériences des contributeurs.

L’outil est en licence libre pour pouvoir le partager facilement aux personnes intéressées et le modifier selon les besoins. Retrouvez-le en libre téléchargement en fin de cet article au format PDF.  Le kit d’atelier d’entraide et un des outil que vous pouvez retrouver dans le kit LUCAS

Témoignage d’Amandine Piron de Collporterre

Collporterre accompagne les démarches collectives à l’échelle des territoires.

Dans le cadre de l’accompagnement d’une intercommunalité, souhaitant expérimenter davantage d’entraide et de coopération entre pairs, Amandine a eu recours au kit d’atelier d’entraide.

Elle a mis en place un cycle de co-développement en 13 séances avec 13 agents volontaires. La première session était consacrée à comprendre, décortiquer et s’approprier le kit d’atelier d’entraide avec les participants. L’origine et la proposition d’usage de ce kit d’atelier d’entraide ont été explicitées par Amandine.

À chaque session, ils se sont ensuite tous servis du même support et ont suivi fidèlement le déroulé proposé par le kit d’entraide. C’était un excellent repère pour l’ensemble du groupe. De plus, les termes de facilitateur, offreur et contributeur ont été appréciés car ils soulignent davantage la dimension d’entraide que les termes issus du co-développement.

En revanche, comme le passage à l’écrit proposait moins de flexibilité que l’oral, les supports d’atelier n’ont pas été distribués. Au besoin, les participants ont pu prendre des notes sur leur cahier personnel. Les cartes rôles n’ont pas été utilisées non plus car les différentes attributions ont été bien intégrées lors de la première séance.

Enfin, pour répondre davantage aux attentes de son groupe, Amandine a ajouté une fiche pour noter le ressenti des participants, à chaud, en fin de séance. Cette idée lui est venue spontanément à la lecture du document originel proposé par Angélique.

Deux autres exemples d’utilisations de ce kit

Ti lab

Le laboratoire coopératif d’innovation de la Préfecture de Région & de la Région Bretagne a eu recours au kit d’atelier d’entraide dans le cadre d’un accompagnement des services de la DREETS, qui anime la communauté La Place, dédiée aux lauréats du Plan d’Investissement dans les Compétences (PIC). L’entraide a été l’un des éléments d’une journée qui a réuni les lauréats. Au travers du partage des problématiques, les participants ont ainsi eu une connaissance plus fine des projets de chacun. Ils ont pu repérer qu’ils avaient des problématiques communes. Ils ont ensuite mis en évidence des thématiques, explorées de manière autonome par les participants, en petits groupes ou approfondis via des webinaires.

Département de Haute Loire

Dans le cadre d’un accompagnement global du Bureau des Possibles – Apprendre à faire avec : utilisation des outils d’intelligence collective et de design de services, au service des projets internes de la collectivité ou de ses partenaires – l’outil a été expérimenté avec la Mission de la Coopération. Celle-ci peut maintenant le réutiliser auprès des services, principalement ceux engagés dans la démarche d’accompagnement du Bureau des Possibles.

Analyse de l’outil

Angélique est prudente sur l’utilisation du kit et veille dans la transmission à ce que l’utilisation de support ne fige pas le processus, plutôt que de le rendre vivant et évolutif.

Le facilitateur doit donc être très connecté au groupe, tout en suivant le déroulé. Il doit savoir aussi s’en détacher pour un cas particulier, rester spontané, passer ou rallonger une étape au besoin. La posture d’écoute est le point crucial d’une telle démarche. Suivre mécaniquement un processus est contre-productif car le groupe ne sera pas réellement dans le partage.

L’introduction du kit d’atelier d’entraide pourrait être reformulée pour y ajouter cette notion. L’essentiel dans un processus de facilitation est d’être à l’écoute du groupe, des échanges, du non-verbal et des énergies véhiculées.

Cet outil reste néanmoins intéressant pour faire connaître la démarche. Il convient de le faire évoluer en le partageant, en l’expérimentant et en lui apportant des améliorations.